En 2019, Make.org a organisé « We Europeans », une consultation de 38 millions de personnes dans 27 pays, avec 1,7 millions de participants qui ont planché sur internet pour trouver comment réinventer l’Europe dans la perspective des élections. Entre février et mars 2019, sur un total de       30 000 propositions, dix d’entre elles, faisant l’objet d’un consensus ont été identifiées. Citons créer un programme de recyclage à l’échelle européenne, interdire aux criminels, y compris les évadés fiscaux, de travailler dans le secteur public ou de se présenter à des élections en Europe, protéger les forêts au moyen d’une gestion efficace… Ces propositions ont été soumises aux présidents des groupes parlementaires de Bruxelles et 200 partis politiques ont été amenés à prendre position.

Cet exemple illustre bien la puissance de feu de Make.org, plateforme collaborative redonnant la parole à la société civile pour favoriser l’engagement citoyen. Axel Dauchez, fondateur et président en est convaincu : « la démocratie n’est plus efficace pour agir sur le réel, les citoyens ont l’impression que leur bulletin de vote n’est plus déterminant pour faire évoluer leur environnement. Ensuite le pacte social est rompu, la démocratie n’est pas plus efficace pour réconcilier la population dans ses clivages ou avec ses représentants. » Dès lors, la mission de Make.org est d’y remédier et « d’engager les citoyens, les associations, les institutions, les entreprises et les médias dans la transformation positive de la société ».

Lutter contre les violences faites aux femmes

En dehors des « grandes consultations » comme We Europeans qui permettent d’agir sur les processus électoraux et d’améliorer la démocratie, Make.org mobilise les citoyens autour de « Grandes Causes Nationales » : donner une chance à chaque jeune, mieux prendre soin des aînés, lutter contre les violences faites aux femmes…

Pour chaque cause, Make.org constitue une coalition de cinq entreprises apportant des ressources financières ou humaines en mécénat de compétences, des associations, des médias et 500 000 citoyens pour construire un plan d’impact en trois ans.

Le processus se déroule en trois étapes. D’abord une phase de consultation : en novembre et décembre 2017, 400 000 participants se sont exprimés sur les violences faites aux femmes permettant de dégager 17 thèmes de consensus tels que développer les lieux d’accueil et de prise en charge d’urgence, encourager et sensibiliser à l’intervention des témoins, former les personnels de la police et de la justice, mieux permettre aux femmes de dénoncer… Ensuite, la phase de transformation permet de lancer des actions de sensibilisation ayant un impact national comme par exemple « Abri d’urgence ». Depuis mars 2018 jusqu’à décembre 2020 se déroule la phase Action. Par exemple, Certif Soutien Femme consiste à élaborer une formation continue qualifiante de grande ampleur pour former 10 000 policiers à l’accueil et l’orientation des femmes victimes de violences. Abri d’urgence vise à multiplier par trois l’hébergement d’urgence pour les femmes victimes en leur offrant les nuitées invendues des hôtels, avec la société Expedia, via les réseaux associatifs et le numéro dédié 3919.

Transformer les entreprises par le consensus

Le même processus est mené pour transformer les entreprises et les administrations par les collaborateurs dans des Consultations d’Engagement. A l’initiative du ministère de l’Action et des Comptes publics et des syndicats, 5 millions de fonctionnaires ont été consultés sur le thème : Agents publics, comment lever vos blocages au quotidien ? En sont ressortis 24 sujets de consensus apportant une grille de travail. Elle a été présentée, en juin 2019, par Edouard Philippe, au comité interministériel planchant sur le plan d’action de la transformation publique.

Pour garantir son indépendance, Make.org s’appuie sur une fondation et un comité d’éthique. Elle emploie 30 personnes et a réalisé, en 2019, 1,2 millions d’euros de chiffre d’affaires et prévoit 4 M€ de CA en 2020. L’entreprise a atteint l’équilibre grâce notamment aux ressources provenant des sponsors. Elle vient de réaliser sa deuxième augmentation de capital. « Nous voulons démultiplier les consultations d’engagement auprès des entreprises en recrutant 3 personnes en plus et investir pour mener des actions plus rapides à mettre en œuvre, explique Axel Dauchez. »

En novembre 2020, la Grande Cause environnementale sera lancée, puis Make.org mobilisera les citoyens pour les élections municipales. En attendant, Make.org planche sur une solution technologique permettant la ré-intermédiation de la démocratie en assurant encore plus de médiation politique sur tous les sujets qui rassemblent.